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Analyse : où sont les vraies causes des abus sur les mineurs ? 28 Février, 2019  Provenance: fsspx.news

La hiérarchie ecclésiastique peut à juste titre être préoccupée par cette maladie qui infecte l’Eglise. Certes, le péché est de toutes les époques, et certaines périodes de l’histoire cléricale sont malheureusement peu glorieuses, à divers titres. Qu’il s’agisse de la foi : la plupart des hérésiarques sont sortis des rangs sacerdotaux ; de la discipline : que l’on songe à la simonie au XIe siècle ; ou encore aux mœurs : il suffit de rappeler le nicolaïsme – incontinence ou « mariage » des clercs – au même siècle. Mais notre sainte Mère l’Eglise a toujours suscité de saints personnages pour faire disparaître ces abus odieux.Mais pour lutter efficacement contre ces déviations, encore faut-il causes, et pour cela, attaquer les vraies les connaître et les détecter. 

Le prêtre doit être l’homme de Dieu 

Il ne peut y avoir de vraie vie sacerdotale sans une certaine sainteté. Saint Thomas la définit : « la stabilité dans la divine pureté ». Dieu est saint car il est absolument pur. Il est Esprit parfaitement simple, possédant toutes les perfections de manière infinie. Il est vérité infinie, bonté sans limites, éternel, immuable. Ainsi la sainteté consiste à se rapprocher de la perfection de Dieu – « soyez parfaits comme mon Père céleste est parfait » (Mt 5, 48) – en se consacrant et se donnant à lui. Cette donation, chez le prêtre, doit être totale et sans retour. C’est pourquoi le sacerdoce met le prêtre à part, il le sépare du monde, c’est ce que signifie le terme même de « clerc ». L’esprit moderne, qui s’est infiltré dans le corps sacerdotal dès les années 50, a pensé que cette séparation était trop radicale, qu’elle empêchait le prêtre de se donner à l’apostolat, qu’elle l’éloignait d’un monde de plus en plus sécularisé. La devise générale était : « aller au monde » ! Et ce furent les prêtres ouvriers, l’abandon de la soutane, l’adoption de modes « mondaines ». Le concile Vatican II est venu donner – de haut - une impulsion décisive à cette sécularisation. Parallèlement la foi est allée en s’affaiblissant, le découragement s’est emparé de nombre de prêtres devant la désertion des paroisses, et des milliers d’entre eux désertèrent à leur tour. Là encore, le Concile a été un catalyseur de l’affadissement de la doctrine et du sens du sacerdoce. Les réformes postconciliaires ont achevé de rendre le prêtre étranger à sa mission. Car il faut rappeler que la morale évangélique se fonde sur la foi. Elle ne peut être comprise que dans une vie spirituelle profonde, qui n’est autre que la participation à la vie divine elle-même, par la grâce sanctifiante et les vertus théologales : foi, espérance et charité. Les vertus morales, rassemblées dans les vertus cardinales – prudence, justice, force et tempérance – permettent à cette vie divine de se développer librement. Il est donc totalement illusoire de rechercher des remèdes à la situation actuelle, sans se préoccuper d’abord des causes profondes. 

Changer la messe, c’est changer le prêtre 

Certes, les progrès effrayants de l’immoralité, en particulier à travers les nouveaux médias, ne sont pas pour rien dans cette dégradation, mais il faut affirmer que la cause première se trouve dans une nouvelle conception du sacerdoce. Celle-ci se révèle dans les réformes de la messe. 

Le nouveau rite a changé la définition de la messe : le prêtre n’est plus le sacrificateur, mais le « président de l’assemblée ». Il n’est plus question du sacrifice de la Croix, mais d’un banquet. Or changer profondément la liturgie, entraîne la mutation du sacerdoce. Car le prêtre se définit lui-même d’abord par rapport au sacrifice. Dénaturer le sacrifice, c’est dénaturer le prêtre. 

De plus, le sacerdoce a été désacralisé. Par l’assimilation indue du sacerdoce « commun » des fidèles, et du sacerdoce ministériel du prêtre. Il y a une différence essentielle entre le prêtre et le laïc, mais la doctrine nouvelle tend à les confondre, à ne mettre entre eux qu’une différence de degré. A faire du laïc une sorte de « petit prêtre » ou du prêtre un « super laïc ». Cela se manifeste en particulier par l’abandon des signes distinctifs, tels que la soutane ou la croix. 

Enfin l’apostolat a été détourné de sa fin véritable. Le prêtre n’est plus d’abord l’homme de Dieu, l’homme du sacrifice de l’autel, l’homme de la prière par le bréviaire. Sa mission est devenue sociale voire politique. Il n’est plus destiné à convertir, mais à dialoguer. Il a perdu le sens de la transcendance de son état et des exigences qui y sont liées. Il veut vivre comme les autres hommes. Les risques sont alors grands qu’il finisse par tomber dans le péché. 

Les causes détectées, il faudra s’attacher aux remèdes. Il ne s’agit pas ici de les détailler mais de donner les lignes directrices à suivre, sous peine d’échouer lamentablement. 

1. L’on ne pourra retrouver le véritable esprit sacerdotal sans enseigner la foi dans toute sa pureté, en bannissant tout spécialement les erreurs qui sont issues de Vatican II. Tout spécialement l’œcuménisme et la liberté religieuse. Le prêtre doit prêcher le règne du Christ-Roi. 

2. Il est nécessaire de rétablir la liturgie et spécialement la messe dans son rite si expressif du mystère qu’elle représente : le sacrifice de la Croix. Il faut que les prêtres puissent s’identifier à ce qu’ils disent chaque jour à l’autel : « Ceci est mon sang » et qu’ils puissent ainsi le communiquer largement aux autres. 

3. Il faut enfin sanctifier le clergé par tous les moyens traditionnels employés par la sainte Église : sacrements, bréviaire, méditation, retraites. Par le bannissement de tout esprit mondain. Par un véritable zèle apostolique tout orienté vers la conversion et la sanctification des âmes. 

Utopie, dira-t-on. Ce n’est plus de saison. Le monde a changé. Cléricalisme, ajoutera-t-on. Aujourd’hui c’est l’ère du pluralisme. Il ne faut plus songer à établir le règne du Christ. De plus, comme il a été rappelé plus haut, ces moyens ont été impuissants à empêcher les fautes des clercs à certaines époques. 

Certes. Mais l’Eglise, conduite par le Saint-Esprit, a suscité en son sein les remèdes appropriés aux périodes de décadence de l’esprit chrétien. Et le remède principal a toujours été le renouveau de la sanctification du clergé. Vouloir en faire l’économie et persister dans l’impasse de l’aggiornamento de Vatican II, c’est se satisfaire d’un cautère sur une jambe de bois.

 

« Quand on veut détruire la religion, on commence par attaquer le prêtre, parce que là où il n’y a plus de prêtre, il n’y a plus de sacrifice, et là où il n’y a plus de sacrifice, il n’y a plus de religion. » Cette phrase du Curé d’Ars est le meilleur commentaire que l’on puisse faire de l’actualité de l’Eglise, en 2019.

Saint Jean-Marie Vianney affirme le lien étroit qui unit le prêtre, le sacrifice et la religion. A son époque, on se souvenait des prêtres massacrés par la Révolution, et des prêtres ayant fait allégeance à la Constitution civile du clergé. De l’extérieur et de l’intérieur de l’Eglise, on attaquait le prêtre pour qu’il n’y ait plus de sacrifice, plus de religion, sinon celle de la déesse Raison, trônant à Notre-Dame de Paris, sous les traits d’une actrice coiffée d’un bonnet phrygien. Le Curé d’Ars disait : « Laissez une paroisse vingt ans sans prêtre : on y adorera les bêtes. »

Aujourd’hui c’est le sacrifice qui est combattu de l’extérieur et de l’intérieur. Le monde consumériste rejette l’esprit de sacrifice, pour satisfaire son appétit de jouissance : plaisir, argent et orgueil, comme nous l’apprend saint Jean. Malheureusement, en voulant ouvrir l’Eglise au monde moderne, l’aggiornamento conciliaire a mis de côté l’esprit sacrificiel, comme il a relégué le tabernacle dans les bas-côtés : l’autel est devenu une table, la messe un repas. On prêche le sauvetage de la planète, l’accueil des migrants… Le Curé d’Ars enseignait à ses ouailles : « Toutes les bonnes œuvres réunies n’équivalent pas au sacrifice de la messe, parce qu’elles sont les œuvres des hommes, et la sainte messe est l’œuvre de Dieu. »

Il est temps de prendre conscience qu’un prêtre sans sacrifice mène droit à une religion sans prêtres, à une Eglise sans vocations, à des églises sans paroissiens. Tous ces maux nous les voyons aujourd’hui, et ils nous accablent. Le Curé d’Ars avait la solution : « Oh ! Qu’un prêtre fait bien de s’offrir à Dieu en sacrifice tous les matins ».

Abbé Alain Lorans

 



02/04/2019
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